Prière d'entrée Jacques Teissier aumônier des arènes
Jacques Teissier gère religieusement la fameuse chapelle des arènes (cf. vidéo sur le site uneanimes.fr) qui accueille la plupart des acteurs stressés des corridas. L’aumônier est le témoin privilégié de 60 ans de férias.
Les prémices |
« J’ai vu ma première corrida après la guerre. Je me vois sur les gradins des arènes de Nîmes, je tremblais d’attente du haut de mes 7 ans », explique tout sourire cet homme de foi. Son autre première fois arrive alors que le curé des arènes fête ses 50 ans. « J’ai fait un stage de tauromachie avec Christian Lesur de l’école de taurine. C’était dans les arènes de Rodilhan ». Il se souvient de sa première rencontre non catholique avec une camarguaise. Il se retrouve à terre, enroulé dans sa cape et couvert de poussières. « Mon père, vous avez été baptisé et excommunié en même temps », lui lance-t-on rigolard. Puis il réussit sa première passe. « Je suis monté au ciel ! ». Depuis, Jacques Teissier ne cesse d’être un aficonado accompli avec la particularité d’être intime avec les consciences et les peurs d’avant corrida. |
Son rôle discret |
« Il y a un stress monumental dont on n’a pas idée », décrit le Nîmois. Il observe les matadors aller et venir depuis 1988, lorsque Maurice Archet lui propose de devenir l’aumônier des arènes. Son rôle consiste à préparer la chapelle avant et après chaque féria. « J’installe le livre d’or, je mets de l’ordre, bref je m’occupe des questions matérielles ». Il s’émeut du vol des chandeliers lors de la féria des Vendanges. Jacques Teissier est devenu un fin observateur des visages fermés. « Les maestros sont dans un état de dénuement extrême. Face à la mort, ils deviennent vulnérables ». |
Les phrases mythiques |
Le testament de beaucoup d’artistes se retrouve dans le livre d’or que conserve le Père Teissier. « Qu’ici se dispersent les peurs, nous croyons à la solitude comme les naufragés de la terreur. Merci à Dieu, lui il veille sur nous ! », aurait couché fébrile le matador Espla au début des années 90. Tous ne viennent pas se recueillir dans la chapelle aménagée près du couloir d’entrée des artistes. Manzanarès prie devant sa chapelle portative dans sa chambre d’hôtel de l’Imperator. L’aumônier se souvient de Ojeda, de Denis Loré et de Luis Miguel. |
Le lien avec Nimeno II |
« Les frères Montcouquiol, je les ai connus depuis tout jeunes. Ils ne mangeaient pas à leur faim », se souvient l’homme d’église. Alors lorsque en 1975 lors d’une novillada de nuit le jeune Christian alias Nimeno II est aux côtés d’Espla et de Macambro, Jacques Teissier entrevoit la pépite de la ville. « J’avais mal aux mains à force d’applaudir ! C’est lui le premier matador français qui a triomphé en Espagne. » Jacques Teissier revoit la tête dans les mains d’Isabelle refusant de voir son mari combattre seul les Guardiola après la blessure de Mendes. Jacques Teissier devrait écrire. Il hésite à le faire, prétextant un manque de temps. L’âme taurine lui doit beaucoup. C’est un témoin de la première heure avec ses parents qui créent la féria au dessus du Napoléon, siège du cercle taurin Nîmois. Témoin de ses improbables destins, le souffle coupé au moment d’entrer dans la lumière des arènes. Témoin et acteur du parcours brisé de Nimeno II. C’est grâce à Jacques Teissier que l’enfant du Mont Margarot trône avec toute humilité sur le parvis caillouteux. L’aumônier demeure le gardien du Templé* ! * En espagnol : donner un sentiment et une émotion à sa faena. Jérôme Puech |
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