Portrait : Fanny Velay
Expatriée en Suisse, la jeune nîmoise lance une marque de sac à mains décalée pour les femmes. Après un début de carrière comme avocate, Fanny se lance le défi de séduire les femmes d’ici et d’ailleurs.
Fanny pourrait être « ma sœur » en quelque sorte. Elle est née en 1978 comme mon frère. Son parcours de vie est semblable à celui de nombreux nîmois : école de la Cigale, le collège Feuchères, le lycée Alphonse Daudet, la faculté Vauban. Son enfance est marquée par une amitié, celle de son père et de l’écrivain Jean Carrière. « Je me rappelle d’avoir été réveillée en pleine nuit d’hiver pour suivre les Carrière dans leur maison à Camprieu ». La petite fille craint d’être bloquée dans la voiture familiale en arrivant en pleine nuit sous la neige tombante au pied du Mont Aigoual. C’est sans compter sur l’audace de la vedette de l’époque. L’auteur de « L’épervier de Maheux » avait réveillé le conducteur du chasse-neige pour que le convoi nîmois rejoigne la maison familiale. |
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Après son Bac, Fanny s’autorise à satisfaire sa curiosité du monde en faisant le programme Erasmus à Bologne (Italie), c’est l’auberge espagnole en version italienne. Puis la jeune étudiante intègre le centre régional de formation des avocats de Montpellier. Elle met sa plus belle robe, noire, en décembre 2004. Ses parents sont fiers. Un rapport s’inverse. Elle ouvre son cabinet dans une rue proche du boulevard Victor Hugo, non loin de tout. De son logement. Du bar le Napoléon, le bar de sa prime jeunesse. Du palais de justice, son lieu de plaidoiries. Maître Velay travaille beaucoup. Il s’agit de prouver qu’elle est à la hauteur de son nouveau statut social. |
Une première expérience d’avocate |
Le peuple des avocats de Nîmes, composé de près de 300 cols blancs, semble l’adopter et reconnaître ses qualités. Elle s’illustre dans quelques dossiers administratifs liés à des collectivités locales. De permanence pour les GAV (Garde à Vue), elle croise un dimanche matin le destin particulier d’un Richard Perez bravant son interdiction de séjour dans le Gard. Le caïd nîmois replonge. Fanny joue au tennis. Elle sort beaucoup en ville. Elle enchaîne des histoires amoureuses plus ou moins longues, plus ou moins heureuses. Deux aspects de sa vie l’attirent plus que d’autres : voyager et le milieu très fermé du golf. C’est précisément à la croisée de ses deux envies qu’elle fait la rencontre de son grand blond amoureux. Problème : il vit en Suisse et Fanny vit à Nîmes. L’amour l’emporte. Elle fait des kilomètres chaque week end pour le retrouver. Au bout de sa fatigue, la jeune avocate décide de fermer son cabinet en mai 2012. |
Quitter Nîmes pour mieux l’aimer |
« La vie est courte et j’avais en moi cette envie de vivre différentes expériences » se justifie Fanny presque deux ans plus tard attablée à une table rustique de l’auberge des halles sous le regard malicieux d’Arlette, patronne des lieux. Etonné de son virage, je m’étais inquiété du bonheur de Fanny. La seule chose dont j’étais certain s’est révélée juste : Fanny allait connaître le manque de Nîmes. C’est ainsi que l’on devient amoureux de Nîmes, en la quittant. Au début de son exil sentimental, Fanny se lance le défi de faire l’impasse sur une féria voulant se prouver qu’elle pouvait assumer son choix de partir loin de la tour Magne. D’évidence, elle n’est plus prête à pareil sacrifice. « J’aime revenir à Nîmes » s’exclame-t-elle. Sa vie en Suisse souligne les traits qu’elle apprécie tant à Nîmes : ce sens de la fête, s’improviser un resto de dernière minute au Neuf, le plaisir de déambuler dans les halles, le poumon de la ville, le fait de croiser sans cesse des visages familiers, … |
Se retrouver en Suisse |
Depuis octobre 2012, Fanny vit tel un joueur de tennis, un pilote de formule 1 ou encore un acteur de cinéma en Suisse, entre Genève et Lausanne, à Nyon. Elle apprécie l’esprit démocratique de la société suisse avec le droit de pétition, la propreté, le civisme, le sentiment de sécurité. « La Suisse est un état fédéral composé de 26 cantons à l’intérieur desquels les Suisse ont leur propre loi » décrit l’ancienne étudiante en droit constitutionnel. Fanny a changé de statut, d’avocate elle est devenue la petite amie d’un brillant joueur de golf professionnel. Pensant trouver facilement du travail, Fanny s’est heurtée à une forme de protectionnisme Suisse. Même la solidarité des nîmois exilés en Suisse n’a pas pu jouer en la personne de Remy Crégut. Alors de cette vie improbable, la résidente suisse a eu l’idée de lancer une marque de sacs pour femme avec une amie finlandaise, Carola Bruni. Depuis novembre dernier, les sacs « improbables » plaisent. « En un mois et demi, nous en avons produit en vendus près de 200 ». Leur page Facebook atteint rapidement les 250 « likes » et leur démarche se fait remarquer par des relais d’opinion « La bulle de véro » une bloggueuse ou Hedelweiss un magazine Suisse. Déjà quatre boutiques distribuent ses sacs originaux : Carrément belle, le vestiaire, la chouette à lunettes (pour Nîmes) et une boutique en Suisse. Fanny remplit peu à peu son agenda de rendez-vous avec de potentiels distributeurs. |
Fanny vient à nouveau d’investir dans un parcours de vie entre Nîmes et la Suisse. Sa vie prend un sens tout en révélant l’importance de ses fils tenus et complexes avec ses origines, ses racines et son identité. C’est peut-être cela qu’il faut à tous les nîmois pour aimer davantage leur ville. La quitter pour mieux revenir et mieux l’étreindre. Puis ne pas oublier combien la vie est improbable comme l’écrivait Carrière « la vie ne dure qu’un jour, le dernier ». |
Un lieu : |
Le comptoir des halles car j’ai le sentiment que c’est la féria toute l’année et bien sur l’auberge des halles (lieu de l’interview) |
Un événement : |
La féria de Pentecôte car durant une semaine la vie s’arrête de tourner, les gens s’aiment. On prend du plaisir pendant une semaine. |
Un personnage : |
Edgar Tailhades (Maire de Nîmes entre 1947 et 1965). C’était un grand homme politique à l’ancienne qui a su fédérer. Il a été bâtonnier de l’ordre des avocats. |
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