La quête de Moquette
A 40 ans ce protestant nîmois excelle dans l’art de tenir des bars. Actuellement co-gérant avec son frère Gérard du fameux Comptoir des halles de la rue Guizot, il anime d’une façon fort intelligente ce lieu apprécié de nombreux Nîmois.
« Ce bar n’a jamais été aussi bien tenu en 50 ans d’existence », constate Henri Bosc, célèbre étalier des halles de Nîmes. Cet observateur parle d’un « prélude permanent à la féria » dans lequel tout le monde se mélange. Le succès du bar situé tout près des halles, dans la rue Guizot, est à mettre à l’actif des frères Kuyten, Gérard et Florent. C’est précisément à ce dernier, autrement appelé « Moquette », que la rédaction a voulu s’intéresser. De l’avis des spécialistes en comptoirs nîmois et en légendes du zinc, « Moquette » a le don de transformer toutes ses affaires en or. Après avoir été serveur à la Petite Bourse, gérant au Victor Hugo puis au Jean-Jaurès, Florent a repris « Le Comptoir des halles » tombé en désuétude en 2007. « Nous avons saisi une nouvelle opportunité en prenant une affaire en liquidation judiciaire ». Six après le succès est là, à l’image des dimanches durant lesquels il est très difficile de se frayer un passage dans la foule en voiture et parfois même à pied. |
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Réunir les gens opposés |
Moquette est né en 1973 à la maison de santé protestante en bon protestant. Il a l’âge de ses clients (en moyenne). Eloigné du centre-ville lors de sa prime enfance, ce village-people fait ses classes primaires à Saint-Laurent d’Aigouze puis son collège à Marsillargues. Dans l’idée de passer son BEP froid et climatisation, le jeune Nîmois court au lycée Mermoz de Montpellier de l’autre côté du Vidourle. Gérard, son frère aîné, l’appelle. Il a besoin d’un coup de main lors de la féria de Nîmes de 1994. « C’est là que j’ai eu le déclic », claque Moquette. « Je servais un maçon et un avocat puis on a commencé à parler de ballon puis je me suis rendu compte que j’avais fait le lien entre deux personnes socialement opposé ». Voilà donc ce qui plaît à Florent : réunir les gens dans une ambiance conviviale. Florent poursuit son apprentissage du don : plage des artistes au Grau du Roi (1996), DJ au caveau à Serre-Chevalier (1995-1998), Mad Wax à la Grande Motte (1998) puis le début de sa carrière avec le Victor Hugo en août 1998. |
« Et merci qui ? » |
Moquette est aujourd’hui heureux de son parcours. « Il correspond à chaque étape avec l’âge des clients », dit-il. De là à finir dans un salon à servir le thé aux personnes âgées à l’approche de la retraite, il y a un pas qu’il ne souhaite pas franchir. « Sa bonhommie » est appréciée de tous comme en témoigne l’original président du comité de quartier, Philippe Treil. Pour la jeune et jolie Coline, toute souriante, ancienne extra, « Moquette est toujours de bonne humeur, d’humeur égale ». Florent est soucieux de glisser un mot gentil, un petit clin d’œil ou une formule qui fait rire tout le monde : « et merci qui ? ». Cette référence assumée au site pornographique décalé est la signature du lieu. Son ancien serveur Thomas Julien (parti au Pont du Gard) répétait cette question 100 fois par jour. Papa de deux enfants en bas âge (Karl et Paul), Florent leur lance machinalement « Et merci qui ? » comme à ses clients. Fort heureusement, la réponse n’est pas la même, à savoir « Jackie et Michel ». |
L’origine du surnom « moquette » |
Ce surnom unique, Florent le doit à une blague de potaches qui a traversé le temps et les époques. « Je jouais au football en junior avec le club de Saint Laurent et au moment de la douche un co-équipier a remarqué que j’avais pas mal de poils sur le torse. Il m’a lancé « oh moquette ! » et puis c’est resté », raconte à demi hilare le barman. Moquette se partage le travail avec son frère. Les journées commencent à 5 heures du matin avec les étaliers, elles se poursuivent à 8 heures avec les mères de famille, à 9 heures avec les gars qui embauchent puis se terminent vers 17 heures, sauf les week-ends où l’établissement ferme vers 20-21 heures. Florent est plus chargé de la restauration. « J’essaie de sortir un plat du jour attractif à 9,50€ ». Ancien DJ, il a l’habitude d’animer les moments festifs du Comptoir des halles. Les prochains sont « le beaujolais nouveau le 3ème jeudi de novembre » et les huîtres prévues pour le mois de décembre. |
Quand on l’interroge sur les ingrédients qui font le succès de son établissement, Florent répond : « les gens veulent voir le patron et avoir un échange privilégié avec lui ». Ses meilleurs souvenirs demeurent les férias dans son bar actuel. « Des moments inoubliables où les gens finissent par faire des repas improvisés pour prolonger l’instant convivial ». |
Un Nîmois : |
le peintre José Pirès car c’était un client fidèle de la Petite Bourse. Toujours généreux, poli, classe. Jamais critique, il ne se prend pas la tête quand il vient ici. |
Un lieu : |
les jardins de la Fontaine car c’est paisible pour mes enfants de 1 et 3 ans. Tu peux te balader tranquille. |
Un événement : |
la féria des vendanges car on est entre nous. L’ambiance est plus sereine. |
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