La face cachée des avocats nîmois
Etre avocat n’est pas un métier facile. Il demande de l’attention, une bonne gestion du stress, un investissement conséquent en temps, une technicité, un savoir-faire, une grande mémoire… A Nîmes, beaucoup d’avocats multiplient les activités en dehors de leur travail pour trouver leur équilibre. « Une à Nîmes », sur une idée Ludovic Para, lui-même avocat, s’est intéressée à Paloma, Jean-Pierre, Pierre-Henri, Laurence, Ludovic et bien d’autres pour tenter de cerner cette face plus ou moins cachée. Mettez en fond musical « The Dark Side of the Moon » et laissez-vous guider sous les robes noires de Nîmes…
A Nîmes, beaucoup d’avocats multiplient les activités en dehors de leur travail pour trouver leur équilibre.
Le sport pour se défouler |
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Faire du sport fait partie des activités des avocats rencontrés. Tel un exutoire, Pierre-Henri Blanc a trouvé un bon moyen de se débarrasser de la pression de sa profession. Il fait du vélo. Il en fait même beaucoup. De l’ordre de « trois à quatre sorties par semaine », nous confie-t-il. Sa spécialité : passer du col blanc de ses tenues de prétoire aux cols escarpés des montagnes de France avec son association « Les cent cols ». Le contrat d’objectif est élevé : faire cent cols avec au moins le franchissement de trois cols à plus de 2 000 mètres d’altitude. Il n’est pas seulement un maître dans ses plaidoiries mais aussi un maître de la petite reine. « Etre avocat entraîne une fatigue de l’esprit, j’ai besoin d’en provoquer une plus saine, celle de mon corps ». C’est aussi le leitmotiv de Laurence Bourgeon, avocate pénaliste connue du côté du Palais de justice. « Un esprit sain dans un corps sain », me lance-t-elle. Boxe, salsa, natation, voile, roller… Chaque année cette belle femme blonde se fixe pour objectif de découvrir un sport. « J’évacue mes journées… quand leur me le permet ! ». |
La création pour se vider l’esprit |
Comme si être avocat faisait appel à une partie trop spécifique du cerveau humain, certains ressentent le besoin d’en utiliser une autre. « Une partie complètement cloisonnée » précise Jean-Pierre Cabanes, star des prétoires et écrivain. Il peut consacrer jusqu’à dix heures par semaine à sa passion pour l’écriture, à condition de ne pas ouvrir la petite lucarne. Il a à son actif près de 18 livres édités, dont le dernier fameux « Retour à Palerme » paru aux éditions Aubéron. Ses romans se trouvent d’ailleurs en tête de gondole chez le libraire préféré des Nîmois, « Teissier », rue Régale. « Avoir une vie culturelle, lire, voyager et écrire est VI-TAL », insiste l’avocat dans son bureau cerné de références historiques, en décalage avec la modernité d’un lieu perdu dans une zone industrielle. Jean-Pierre Cabanes a commencé à écrire le jour où il a rédigé sa thèse. La thèse attendra. Depuis 1975, sa vie se partage entre son métier et cette musique de l’écriture. Son métier l’inspire peu. « Depuis 10 ans mes romans se déroulent en Italie, là où se trouvent des villes avec une âme forte », dit-il, comme pour souligner que Nîmes n’en a pas. Sic. |
L’écriture, c’est aussi le ressort de cette plume « girly » animée par Miss Blablabla, une avocate parisienne aux origines nîmoises solides. Les lecteurs ont pu apprécier son ironie du désespoir féminin lorsqu’elle s’accordait du temps pour signer une chronique dans Une à Nîmes. Aujourd’hui, son temps est compté même si elle le suspend pour animer un blog remarquable. C’est le nouveau pouvoir des femmes qui tapote sur les ordinateurs : être leader d’opinion depuis chez soi. Du coup, Miss Blablabla est courtisée par les marques, les tendances, les attachées de presse dépressives, les lieux branchés, les peoples éphémères… Pourtant si réservée auprès de ses collègues en robe noire, elle lâche « mon boss est le premier fan de mon blog ». Elle assume donc, pas tout à fait à moitié. |
Faire la fête et les animer |
C’est aussi le cas de Ludovic Para qui lui assume complètement cette image. Elle pourrait pourtant le « desservir » lorsqu’il parle avec des paillettes dans les yeux de son amour des platines. Disc-jockey depuis 15 ans, il a réveillé Nîmes, la belle endormie : au bar le 421, au Royal Hôtel, au Napoléon ou à La Suite lors des Férias. Cet Arlésien, adopté par la voisine rivale, aime à raconter que le « jour où j’ai prêté serment, j’ai avoué au bâtonnier que j’étais aussi DJ avec crainte. En retour, il m’a proposé d’animer la soirée de l’Ordre des avocats ! ». Curiosité parmi les curiosités locales, il y a un autre avocat qui aime aussi jouer les DJ et organiser des bodegas lors des Férias de Nîmes. Le plus connu de tous n’a pas souhaité répondre à cette enquête, prétextant une mauvaise publicité pour son commerce. « Les idées du côté de soi ont parfois la vie dure ». Un autre slogan à étiqueter à ce sujet, à cette profession qui en a vu des plus excentriques : ancienne danseuse étoile, ancien braqueur, député ou Président de la République. Un avocat peut donc se partager en deux ou en trois pour être meilleur. |
Miss Blablabla (ancienne chroniqueuse Une à Nîmes) |
Mes activités de blogueuse et mon métier d'avocat ont longtemps été cloisonnés, bien que ma vie 2.0 a toujours eu pour vocation d'être une bulle d'oxygène, une cour de récré dans laquelle je parlais de tout, sauf de Droit... Et huit années de blog plus tard, les identités se confondent, mon boss est mon premier lecteur, mais je persiste à ne pas bloguer sur mon métier. J'ai déjà réglé ma schizophrénie, une chose à la fois. |
Jean-Pierre Cabanes |
Etre écrivain et avocat sont deux activités complètement cloisonnées. Je lis beaucoup pour pouvoir écrire. Mon secret : regarder très peu ou pas du tout la télé. Je consacre en moyenne 10 heures par semaine à l’écriture quand je m’attèle à un roman. Le métier d’avocat est très stressant, très technique, c’est le monde de la surchauffe. Etre écrivain, c’est avoir une vie culturelle, c’est vital pour moi. |
Pierre-Henri Blanc |
Je pratique le vélo 3 à 4 fois par semaine. J’essaie avec mon association (Club des cent cols) de gravir des cols importants. J’en ai gravi 550. Je parcours 8000 km/an. J’ai déjà fait le Galibier, le tour Malet… Tous les 100 cols, il faut en avoir franchi au moins 3 de plus de 2 000 mètres d’altitudes. J’ai besoin de cette activité physique pour compenser une activité intellectuellement fatigante qu’est mon métier d’avocat. |
Ludovic Para |
Je suis DJ depuis 15 ans. En étant avocat, je fais uniquement cela par plaisir, en sélectionnant deux ou trois dates par an. C’est peu mais la priorité, c’est désormais mon travail. Il m’arrive d’avoir comme clients d’anciennes personnes que j’ai fait danser sur mes musiques. Quand je défends des aficionados ou l’observatoire des cultures taurines, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a un lien entre mes animations DJ dans les bodegas et mon travail aujourd’hui auprès de ces acteurs de ma culture taurine. |
Laurence Bourgeon |
Je n’arrête pas de faire du sport et d’en essayer chaque année un nouveau. Ca me défoule et en même temps m’équilibre par rapport à mon métier d’avocate. Je pratique le sport au moins 5 heures par semaine. C’est indispensable quand on est à fond les ballons comme moi. Je pratique le squash, la boxe, la salsa, le roller, la natation, le sport de salle… |
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