« Je suis venu vous dire que je m’en vais… »
Ben Colibri, artiste et propriétaire du Manoir de Courbessac, s’apprête à quitter Nîmes. Il revient sur son expérience nîmoise après 6 ans de rencontres, d’anecdotes et de regards sur notre cité.
Le fameux Manoir de Courbessac est en vente. Son propriétaire, Benoit Maurin de Colibri ne l’ouvre que pour des locations privées (entreprises ou particuliers) ou pour des visites de futurs propriétaires fortunés. Le manoir est mis à prix à 2 millions d’heureux. L’artiste Corse s’apprête à retrouver Marseille et ses racines. Pourtant, son projet de dynamiser le lieu avec chambres d’hôtes, résidence d’artiste, café théâtre, restaurant gastronomique, expositions, animations au bord d’une piscine…avait de quoi séduire les Nîmois et les gardois. |
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Un artiste de l’instant |
« Les nîmois n’osent pas assez ! » s’écrit-il dans les pièces de son manoir aux plafonds très hauts. L’artiste gérant d’un lieu au concept unique ne s’est jamais considéré comme « un châtelain mais plutôt comme un manouche qui avait aménagé sa cabane ». Ben est un original qui vit dans l’instinct et l’instant. D’ailleurs, il est arrivé à Nîmes en croyant visiter un bien à Nice. « J’avais mal entendu au téléphone ». |
Beaucoup de souvenirs extravagants |
Aujourd’hui il tourne une page riche d’histoire et d’anecdotes croustillantes. Ainsi le groupe Radiohead avait élu résidence chez lui durant les deux dates de concert aux arènes l’été dernier. « Je les amène à la pêche maintenant, tu imagines le truc ? ». Il conte aussi un Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, souriant à la vue de la fanfare qui déboule en dehors du protocole en plein repas officiel. « Ici sur ce canapé, Smaïn me demande en mariage » dit Ben rigolard. |
Idéalement placé à côté de la SMAC |
A quelques pas à peine de la Scène de Musiques Actuelles (Paloma), il se retient de nous confier quels sont les artistes qui sont venus ici. « C’est un secret ». J’imagine la chanteuse Camille adorer le lieu. « Ici il n’y a pas de chichi, les gens sont ici comme s’ils étaient dans ma maison. Ils font leur vaisselle. Mes enfants débarquent sans prévenir. C’est vraiment à la bonne franquette ». |
Entre la créativité et la gestion |
Ben Colibri est à la fois branché sur sa créativité sans aucun frein et sur le livre de compte de son manoir qu’il faut bien « faire tourner ». Une nuit il fait un cauchemar horrible à la suite d’une discussion avec une amie qui souhaite se faire liposucer. « Au réveil, j’ai eu l ‘idée de peindre des enfants qui meurent de faim avec de la graisse humaine ». Il congèle de la graisse humaine récupérée chez un chirurgien esthétique sous des étiquettes décalées « cul de blonde, QI89, 52 kg… ». Les médias se saisissent de son délire. Il passe à la TV. Il montre fièrement le « New look » qui relate son délirium. Et puis il y a le Ben qui gère. « J’avais jusqu’à 40 personnes à gérer…c’est du taff et de la paperasse à remplir, des charges colossales ». On a envie de retenir les deux personnages en lui tellement il est loufoque, généreux, inventif, créatif, provocateur, attachant…mais le jouisseur de vie veut tracer une route plus simple, plus directe vers le plaisir de vivre, de rencontrer et de profiter de chaque souffle d’une vie inspirée par son grand père, Edmond Duplan Colibri. Jérôme Puech |
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