Auday musiques : anecdotes d’un mélomane
Depuis 1971, la famille Auday vend des instruments de musique dans notre ville. Laurent Auday perpétue la tradition de son père avec passion. De quoi délivrer des anecdotes croustillantes sur sa vie de technicien de l’ombre.
« Lorsque les Rolling Stones s’étaient installés à Saint Jean du Gard, j’ai vu entrer Keith Richards et Charlie Watts dans notre magasin de pianos de la Maison Carrée » raconte Laurent Auday, le patron de la boutique d’instruments de musique de la rue de l’Aspic. Celui qui déclare avoir reçu « l’oreille absolue » en héritage de son père fourmille d’anecdotes même s’il reconnaît en oublier beaucoup. L’entreprise a rendu des milliers de service à des clients anonymes et à des musiciens sur le point de se produire sur les scènes du théâtre, des jardins de la Fontaine ou des festivals. |
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Nîmes destination chaude et sèche |
La famille Auday est arrivée à Nîmes en 1971 un peu par hasard. Alors que la mère de Laurent Auday est malade, son médecin lui conseille de quitter Valenciennes pour une ville au climat sec et chaud. Ce sera Nîmes et surtout une opportunité unique qui s’offre à Gilbert Auday : la maison Falguière ne veut céder son commerce situé place de la Maison Carrée (à l’actuel emplacement du Crédit du Nord) qu’à un homologue. Né à Casablanca, Laurent Auday n’aime guère les études. Aussi dès l’âge de 15 ans, il apprend le métier d’accordeur de piano avec des stages à Alès et à Paris. En 1993, Gilbert cède les clés de l’enseigne. 1996, Laurent décide de déménager pour un espace plus grand à quelques pas des arènes qu’il aime tant pour ses corridas dans le callejon et ses rencontres avec de grands musiciens. |
Les moments inoubliables |
Justement, sous le regard bienveillant de sa collaboratrice et de sa sœur Chantal, il lève les yeux en l’air et fouille dans ses souvenirs. Petit, il se souvient d’avoir vu son père aider le grand Miles Davis lors du festival de jazz. « Ma plus grande émotion est sans doute le concert de Steeve Wonder dont on a accordé le piano » dit-il. « Il y a aussi ce coup de fil de Thierry Barbier, le technicien des arènes. Vite il faut tout le matériel pour le concert de Yuri Buenaventura car rien n’était prévu pour le concert aux jardins de la Fontaine » exprime t-il en souriant. Laurent Auday reconnaît une fascination pour les pianistes : « ils ont de milliers de notes dans la tête ». |
Sous la pluie avec Léo Ferré |
Au milieu des années 80, il fournit le matériel du concert de Léo Ferré. La météo joue des fausses notes et c’est le déluge. « Le chanteur n’entendait pas interrompre son concert alors nous avons tendu une bâche bleue sur lui. Il nous regardait, complice, en nous disant : ca va les gars ? ». Inoubliable. Des milliers d’artistes ont confié leur stress à quelques heures de se produire. Laurent Auday intervient du festival de la Roque d’Antheron à celui d’Avignon en passant par celui du Vigan. Dès qu’on cite un artiste, il précise tel le technicien de l’ombre humble et passionné « ah oui j’ai fourni l’instrument ». Ce fût le cas pour la première du pianiste Raphael Lemonnier en octobre, Ray Charles aux arènes dans les années 90. « Charlie Watts est même revenu dans ma boutique avec sa femme pour acheter une banquette de piano et des baguettes. Il m’a fait un chèque de 800 francs que je n’ai jamais encaissé ». |
A l’heure des musiques électroniques et de la musique assistée par ordinateur, l’homme au scooter « mojito custom » veut continuer à vivre des rencontres et des pratiques non virtuelles même « si elles sont à contre-courant ». Il aime être considéré comme un champion de la résolution de problèmes posés par les musiciens. « J’essaie de conserver une âme musicale et tant pis si on est des dinosaures. Après tout, on a une identité et une image reconnues qui nous permettent de nous démarquer ». Jérôme Puech |
Auday Musiques en chiffres : |
31, rue de l’Aspic |
7 salariés |
De 5 000 à 7 000 articles référencés |
600 mètres carrés de magasin |
51 ans : l’âge de Laurent Auday |
1993 : date à laquelle Laurent Auday succède à son père |
De 2 000 à 10 000 euros pour un piano acoustique |
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