Rétro : les célèbres membres de l’Académie de Nîmes
Cette société secrète « aux allures vaticanes » a été animée par d’illustres Nîmois. Revue de détails historiques sur nos pairs.
D’un tempérament trempé dans le caractère nîmois, l’Académie de Nîmes est peu connue et très discrète. Encore aujourd’hui, elle tient son activité au numéro 16 de la rue Dorée. Sa présidence est assurée par Michèle Pallier et son organisation est confiée au sympathique Alain Aventurier, secrétaire perpétuel. « Si vous passez un vendredi soir vers 17 heures dans la rue Dorée, vous apercevrez sans doute quelques messieurs, presque tous septuagénaires, qui s’engouffrent furtivement sous le beau porche du numéro 16 », écrit Christian Liger dans Nîmes sans visa. |
---|
Une des plus anciennes académies |
L’Académie de Nîmes a vu le jour en 1682. Elle est l’une des plus anciennes de France, après l’Académie Française créée en 1635, l’Académie de Soissons en 1653 et l’Académie d’Arles en 1668. Selon Léon Ménard, historien nîmois du XVIIIe siècle, « quelques personnes d’esprit et de savoir, vers le milieu du XVIIe siècle, s’assemblaient à des heures réglées et conféraient sur des propos de littérature. Ce ne fut d’abord pendant l’espace de trente ans qu’un cercle d’amis qui s’étaient choisis ». Finalement, en 1682, Jules César de Fayn, marquis de Péraud, chez qui se réunissaient ces « gens d’esprit », leur proposa d’établir une société littéraire, ce qui fut approuvé par tous. |
Le plus illustres des membres : Séguier |
Celui qui marqua le plus l’histoire fut sans aucun doute Jean-François Séguier (1703-1784), homme des Lumières qui reçut en son hôtel nîmois plus de 1400 visiteurs en dix ans (1773-1783). Il correspondait avec quelque trois cents hommes de Lettres et de Sciences. Il fut élu Secrétaire perpétuel en 1765 et même Protecteur en 1784. Les séances de l’Académie se tenaient chez lui, au7 rue Séguier. À sa mort, il légua son hôtel, ses manuscrits, sa bibliothèque et ses collections à l’Académie. |
Le plus farfelu : François Graverol |
Un de ses fondateurs, François Graverol, était philosophe, théologien, juriste, rhétoricien et logicien. Christian Liger raconte dans Nîmes sans visa ce que la légende nîmoise disait de lui à l’époque. L’académicien reçut un étranger avec qui il échangea en latin. Il lui proposa une promenade savante dans les rues de Nîmes. Une fois les vergers de l’Esplanade atteint, l’avocat se retourna pour constater l’absence de son interlocuteur. Il demanda aux personnes qu’il avait croisées si elles avaientlvu son interlocuteur. Personne ne pût le confirmer au point que la ville pensa que François Graverol avait eu « une conversation savante avec le diable ». Pour Christian Liger, l’Académie de Nîmes finit ainsi par avoir son Faust. |
Les membres les plus connus |
Parmi ses membres non-résidents, l’Académie de Nîmes a compté André Chamson (romancier), Jean-Paulhan (écrivain, éditeur et critique), Marc Bernard et Jean Carrière (les deux écrivains ayant eu le prix Goncourt en 1942 et 1972), Leprince Ringuet (physicien) et Léopold Sedar Senghor (Président de la République du Sénégal entre 1960-1980). Sur le site de l’Académie de Nîmes, vous trouverez des noms et des extraits de biographie sur les membres les plus célèbres qui doivent résonner comme des noms de rue : Emile Espérandieu (militaire et archéologue), Gaston Boissier (professeur au Collège de France), Jean Reboul (boulanger et poète) ou encore François Guizot (professeur à la Sorbonne, ministre et ambassadeur). |
Dans cette ligne, faite à la fois de continuité et d’adaptation, il appartient aux académiciens actuels d’écrire, durant le siècle à venir, ce que sera l’histoire de cette ancienne institution culturelle. Il est toujours curieux de constater que l’Académie, divisée en 3 collèges (catholiques, protestants et autres), appelle les membres de son troisième collège « les sauvages ». Jérôme Puech |
Renseignements : www.academiedenimes.org |
Suivez-nous sur les réseaux sociaux