Monsieur trouve TOUT
Chez le quincailler Vasserot de la rue Pierre Semard, contrairement aux grandes surfaces, les clients n’ont pas l’impression d’être des anonymes. Et cela dure depuis 1880.
Nombreux sont les lecteurs d’Une à Nîmes nous invitant à faire un reportage sur l’un des commerces les plus anciens et les plus appréciés de la ville. La quincaillerie Vasserot est un symbole du petit commerce de proximité résistant face aux ogres de la grande distribution déshumanisés tel que Castorama, Leroy Merlin et compagnie. Pierre Vasserot me reçoit alors que je franchis le pas de sa boutique. « Vous savez, maintenant, je sais semblant de travailler », dit-il, espiègle. Ses deux filles Chantal et Florence ont déjà l’oreille sur notre conversation qui dégage un parfum de sympathie instantanée. C’est le grand père de Pierre qui a créé la boutique, un certain Mathieu associé à Sébastien en 1880. Quel est le secret de résistance de ce commerce hors du temps ? « On connaît tous nos clients ou presque. On vend à l’unité, au détail. Nous avons une relation privilégiée avec nos habitués », explique l’une des filles brune Vasserot. Le commerce ne désemplit pas à partir de 10h et en début d’après midi. Plomberie, électricité, coutellerie… ce sont essentiellement des personnes de la ville qui viennent, sûres de pouvoir trouver ce qu’elles cherchent. « Les grandes enseignes nous envoient des clients, vous vous rendez compte », appuie la vendeuse en souriant. Nicolas Tacussel raconte sur la page Facebook du magazine « Même quand tu ne sais pas ce que tu cherches, ils te le trouvent ». Huguette, la femme de Pierre, jouait les guetteuses sur le balcon de l’appartement familial au-dessus de la boutique. Comme un chat curieux, elle est descendue pour venir à ma rencontre. « Ma contribution c’est d’avoir mis au monde mes deux filles qui reprennent le flambeau aujourd’hui », dit-elle pour prendre sa place naturelle dans notre échange. « Et après les filles ? » C’est l’inconnu même si Chantal et Florence pensent fortement à leurs enfants. Ils sont trois, âgés de 18, 20 et 25 ans. Le prochain gardien de la caverne d’Ali Baba n’est pas encore désigné. Avant de quitter les lieux, je scrute l’extraordinaire rangement anarchique. Florence lit dans mes pensées et m’indique « vous savez ce n’est peut être pas conventionnel mais nous trouvons très vite ce que veulent les clients ». Le genre de réplique que j’aimais faire à ma mère lorsqu’adolescent je devais obéir à son invective sur la nécessité de mettre en ordre ma chambre. |
Jérôme Puech |
Suivez-nous sur les réseaux sociaux