La rude vie des détenus du Fort Vauban
Avant d’être une université (1995), la Faculté Vauban, située dans le haut du quartier Gambetta, était une prison. Le docteur Charles Perrier (1862-1938) nous a laissé un témoignage étonnant de la vie dans cette prison.
Avant d’être une université (1995), la Faculté Vauban, située dans le haut du quartier Gambetta, était une prison.
Le médecin de la maison centrale de Vauban, Charles Perrier, rend compte le 13 novembre 1931 au conseil municipal d’une étude détaillée concernant 859 individus de 16 à 73 ans, récidivistes pour la plupart détenus dans la Maison Centrale le 24 mars 1896. Il porte à la connaissance des auditeurs, les comportements et travers d'une population entassée dans un univers clôt, selon les origines régionales, ethniques, religieuses, âges et professions. Toutes les professions y sont représentées, depuis le marchand de peaux de lapin, jusqu'aux banquiers véreux et ex-commissaire de police. Il existe entre eux la plus étroite solidarité : - le lettré fait la correspondance - le tailleur fournit les bérets de fantaisie et recoupe les pantalons - d'autres se chargent de procurer "des petites femmes". |
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Les relations sexuelles en prison |
Les trois quarts, possèdent de l'argent clandestin enfoui dans les profondeurs du rectum. Un étui en métal leur sert de "planq". Cet objet se visse par le milieu et peut contenir jusqu'à 300 francs or. Dans ce milieu fermé et composé uniquement d'hommes, les pratiques homosexuelles sont courantes. Beaucoup "en sont". On fait venir la "fille" à l'atelier, dimanches et fêtes, sous prétexte de travailler, et "on turbine sur le flanc". Quelques nourritures ou cigarettes sont le prix de l'opération. Quelquefois, même le comptable y va "à l'œil" ; le "môme" espérant ainsi gagner ses bonnes grâces. Charles Perrier évoque la pédérastie en décrivant comment les détenus s’organisent entre eux pour avoir des relations sexuelles « sans amour ». |
Les pratiques religieuses |
Il existait à l’intérieur du fort Vauban une chapelle, un temple et une synagogue. « Pour ne pas assister à l’office il faut être grec, musulman ou se déclarer libre penseur » indique Charles Perrier. Le médecin compte 803 catholiques, 38 protestants et 13 musulmans. Il observe une proportion plus importante de protestants que la proportion des protestants en France. 3,52% contre 1,93% à l’échelle nationale. Ceci peut s’expliquer par une plus forte présence de protestants dans le midi. |
Les tatouages |
Un tiers des détenus portent des tatouages sur le corps. Le tatouage se fait alors par piqûre en piquant la peau (suivant les contours du dessin tracé à l’avance) à l’aide de trois, cinq ou dix aiguilles réunies sur un bouchon ou un bout de bois et trempées dans certaines substances colorantes, telles que : encre de Chine, poudre de charbon ou de quinquina délayée dans l’eau ou le vin, vermillon, suie, noir de fumée, carmin, encre (bleue ou noire), bleu de blanchisseuse etc. Lorsque le tatoueur savait dessiner, il esquissait à la plume ou au crayon l’image à exécuter. Dans le cas contraire, il appliquait sur les parties à tatouer les dessins que les amateurs lui présentaient ou qui lui tombaient sous la main, et il piquait la peau à travers le papier qui portait le dessin. |
Qui était Charles Perrier ? |
Charles Perrier était natif de Vallerauge, comme son oncle le Général François Perrier. Ce dernier président du Conseil Général du Gard, participera activement à la création de l'Observatoire météo du Mont-Aigoual. Il est plus particulièrement connu des nîmois, grâce à la rue qui porte son nom, la rue Général Perrier. |
Jérôme Puech avec le site www.nemausensis.com |
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