Comment Mistral a obtenu son bac à Nîmes ?
A l’occasion du centenaire de sa disparition, l’historien Georges Mathon nous raconte comment le félibrige et célèbre poète est venu passer son baccalauréat à Nîmes les 17 et 18 août 1847.
Mistral n’est pas seulement le nom de ce vent qui agace les Nîmois. Il n’est pas non plus qu’un lycée technique dans lequel l’on apprend de nobles métiers . C’est avant tout un personnage majeur de notre culture provençale. Frédéric Mistral n’est pas né à Nîmes mais à Maillane (Bouches du Rhône), le 8 septembre 1830, où il est mort le 25 mars 1914. Cent ans après sa disparition, c’est l’occasion de rendre hommage à l’auteur de Mireille (Miréo) et de la célèbre chanson « Coupo santo » qui vous prend aux tripes sur les coups de minuit dans la bodega de la rue Emile Jamais, Pablo Romero, un soir de féria. Avant de devenir membre fondateur du Félibrige, membre de l'Académie de Marseille, Maîtres ès-Jeux de l'Académie des Jeux floraux de Toulouse et, en 1904, de recevoir le Prix Nobel de littérature, notre personnage a passé son baccalauréat à Nîmes en 1847. Récit. |
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Un lieu et deux récits |
Frédéric Mistral était élève du collège d'Avignon. Mistral vint passer son baccalauréat à Nîmes parce que le ressort de l'Académie de Nîmes comprenait le département de Vaucluse. A cet événement est consacré sous ce titre : Coume passère bacheliè, le chapitre VIII de ses Mémoires. Il y est surtout question de son séjour à l'Hôtel du Petit Saint-Jean. Cet hôtel n’existe plus de nos jours, il a été démoli en 1920. Il était situé à l’angle de la rue Colbert et du boulevard Amiral Courbet. Ce fut l’emplacement du cinéma Colisée et actuellement un hôtel (à côté du Carrefour Market). Une plaque est encore visible dans cette rue. La date du séjour ne figure point dans ces mémoires mais elle nous est en partie donnée par une lettre de Mistral à son maître répétiteur Roumanille datée : Hôtel Petit Saint Jean, Nimes, 18 août 1847. Deux versions historiques s’opposent : celle selon laquelle il aurait séjourné une nuit pour suivre des épreuves du bac sur deux jours et une autre selon laquelle il aurait simplement déjeuné le midi des épreuves. |
Mistral raconte |
Selon le récit de Mistral, les épreuves du Bac se déroulaient à l’Hôtel de ville avec au menu une version latine d’une durée d’une heure. « On nous enferma à l'Hôtel de Ville, dans une grande salle nue et là, un vieux professeur nous dicta, d'un ton nasillard, une version latine ; après quoi, humant une prise, il nous dit : « Messieurs vous avez une heure pour traduire en français la dictée que je vous ai faite.. Maintenant/débrouillez vous ». Et dare dare, pleins d'ardeur, nous nous mîmes à l'oeuvre ; à coups de dictionnaire le grimoire latin fut épluché ; puis à l'heure sonnante, notre vieux priseur de tabac ramassa les versions de tous et nous ouvrit la porte en disant : « A demain ! » A midi le jeune provençal se met en quête d’un lieu pour manger et fait dix fois le tour de la ville avant de tomber sur l’hôtel Saint Jean. « La cour était pleine de charrettes bâchées à la mode de Provence et de groupes de Provençales qui babillaient et riaient. Il se glisse dans la salle et s'assied à la grande table garnie « rien que de jardiniers ; maraîchers de Saint Remy, de Château-Renard, de Barbentane qui se connaissent tous, car ils venaient au marché une fois par semaine. Et de quoi parlait-on ? rien que du jardinage ! » raconte le poète. |
Porté en triomphe ! |
Le lendemain matin, le candidat est reçu et il s'en va par la ville comme porté par les anges. Mais le plus beau, ce sera au Petit Saint Jean. « Nos braves jardiniers m'attendaient impatients et, me voyant venir rayonnant à fondre les brumes ils s’écrièrent : Il a passé ! Tout le monde sort. Embrassades et poignées de mains. Allocution du Remontrant les yeux humides, la voix claironnante. Farandole. Puis à table : brandade, bouteilles, toasts et chansons ». Georges Mathon et Jérôme Puech En savoir plus : www.nemausensis.com |
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