« Un art trop cher le cinéma ! »
Déjà deux soirées durant lesquelles les jardins de la Fontaine résonnent des sons des films de Jean-Pierre Mocky, un réalisateur pas comme les autres. Après « à mort l’arbitre » et « l’Albatros », ce soir (lundi 29 juillet) le public pourra regarder « les dragueurs » en présence de Charles Aznavour un des acteurs de l’époque. « Le producteur ne voulait pas d’Aznavour et de Belmondo, trop moches à son goût » explique goguenard le cinéaste qui vient d’avoir 80 ans. « Alors j’ai du me passer de Belmondo pourtant pas très cher ». Toute sa vie, Jean-Pierre Mocky aura souffert d’un problème à l’argent, pourtant véritable moteur pour financer ses projets de films. Avec 100 films au compteur, les cinéphiles peuvent penser que le niçois a roulé sa bosse dans la profession et avec les plus grands.
« Les acteurs me paient pour les faire tourner »
« J’ai commencé avec Jules Berry et Simone Signoret en 1942 » raconte le réalisateur conscient selon lui « d’avoir des spectateurs qui meurent les uns après les autres ». Son cinéma s’inspire généralement de faits de société. Jean-Pierre Mocky est connu pour tourner avec peu de moyens et très rapidement. La conférence de présentation du festival gratuit et en plein air de Sophie Rigon est le moment pour distiller quelques phrases « caviar » des anecdotes de tournage. « Les acteurs me paient pour tourner avec moi » dit-il de sa voix rauque et fière. Il cite l’exemple de Jacques Villeret qui avait financé un film dans lequel l’acteur français disparu jouait. Pour lui, « les acteurs sont de grands enfants qui adorent se déguiser » semble-t-il dire comme pour justifier que les payer serait de trop. Ancien boxeur, Jean-Pierre Mocky se souvient que le sort de ses films pouvait se jouer sur la bagarre qu’il provoquait pour forcer le destin. Grande gueule et incontrôlable, son tempérament lui a valu d’être boudé par les producteurs.
« Faire des films avec son téléphone »
Décrivant un milieu du cinéma devenu bien difficile pour les jeunes réalisateurs, Jean-Pierre Mocky voit dans l’émergence des nouvelles technologies la possibilité de faire du cinéma à peu de frais. « Tu peux faire des films avec ton téléphone. Une compagnie coréenne m’a invité à voir une nouvelle technique pour faire des travellings avec un Smartphone ». Le cinéaste en rigole d’avance : « du coup tu paies le restaurant pour 4 personnes et tu fais l’économie d’une bande de type ». Selon lui les spectateurs ne verront pas la différence au final. Fâché durant de longues années avec Belmondo, c’est peut-être là l’occasion de le faire tourner. « Belmondo m’a appelé pour qu’on fasse un truc ensemble ». Il imagine une scène où l’acteur ne bougerait pas car « sinon pour monter dans une voiture il lui faut 20 mn ». Les Coréens au secours des caprices d’un cinéaste « sans le sou » pour faire tourner son pote d’enfance à moindre frais…à voir ou pas.
Jérôme Puech
« Un réalisateur dans la ville » jusqu’au 31 juillet à 21h dans les jardins de la Fontaine.
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