Les secrets de la statue de Nimeno II
« Nimeno II » a été la principale figura de la tauromachie française dans les années 70 et 80. Il a été le premier français à s’ouvrir les portes des arènes en Espagne (Madrid 21 mai 1979) et en Amérique latine (Mexico 28 janvier 1979). Ses racines nîmoises et son talent exceptionnel de générosités ont fait de lui une légende au destin tragique. Victime d’un accident terrible le 10 septembre 1989 dans les arènes d’Arles, il ne pouvait plus reprendre la muleta à cause d’une paralysie du bras gauche. Christian Montcouquiol avait deux passions : la guitare (à retrouver sur sa statue en minuscule) et la tauromachie. Ne pouvant plus les assouvir, il décide de mettre fin à ses jours le 25 novembre 1991. Lire le livre de son frère « Recouvre-le de lumière » aux éditions Verdier aide à bien le comprendre. « Le taureau mécanique » de Robert Blancou aux éditions Cairn raconte une partie de son enfance.
Le choix de l’artiste
Le maire de l’époque Jean Bousquet (1983-1995) confie le soin au directeur de Carré d’Art, Bob Cale de trouver un(e) artiste de réaliser pareille œuvre. Ce sera Serena Carone. La sculpture fait 2 mètres 10. Elle pèse des tonnes. Pas facile de la manipuler. Elle a été réalisée à Paris dans la fonderie Ludowski au beau milieu des ouvriers fondeurs, dans la sueur et l’effort. Le sceau de la fonderie fait partie des petits détails à trouver sur la statue. « La statue n’est pas sur un piédestal mais proche des passants, des touristes. Un clin d’œil à l’humilité et la modestie du personnage très proche de ses fans » indique l’artiste. La réalisation de la partie génitale a fait l’objet de plusieurs essais car trop protubérante pour les parisiens et sous dimensionnée pour les locaux. A force de toucher la statue, celle-ci devient par endroit patinée et brillant avec le temps. « Il semble que la statue continue de vivre au plus près du contact avec les visiteurs » appuie l’artiste.
Les détails livrent leurs secrets
« Vous trouverez plein de petits détails sur la statue qui sont des clins d’œil à la vie de Nimeno II mais pas seulement. Ce sont aussi des détails de ma vie ou des gens qui passaient voir la statue prendre forme » précise Serena Carone. Ainsi le sombrero évoque les voyages au Mexique. Le numéro « 516 » le poids du toro qui a provoqué l’accident. La plupart des clés sont celles de l’appartement parisien de Serena. « Le n°91 » était la clé de la gare de l’amoureux de l’artiste qui vit à Montfrin (Gard). Enfin la tresse derrière la tête du matador a été réalisée par Sophie Calle, une artiste plasticienne. « J’ai utilisé ces éléments comme ceux de la palette d’un peintre ». A vous de chercher ces petits détails et de faire fonctionner votre imagination.
Jérôme Puech
Suivez-nous sur les réseaux sociaux