La balade d’un nîmois heureux
Je suis amoureux de ma ville. Mon livre de chevet est « Nîmes sans visa » de Christian Liger. Ce professeur de français du lycée Alphonse Daudet avait su dompter les mots pour décrire l’âme et l’identité nîmoises. Depuis lors, pas grand-chose à se mettre sous les yeux pour prolonger, pour actualiser cet attachement brûlant à la cité romaine. Avec Jacques Maigne et son œil avisé de journaliste déambulant dans les endroits les plus symboliques, mon amour pour Nîmes se consume à nouveau. La maison d’édition, Atelier Baie, est nîmoise comme l’auteur depuis 1977. Le texte, n’est certes pas littéraire, mais il alimente la flamme de notre attachement à « la belle orgueilleuse ». Les photos et les illustrations sont belles parce que remplies de couleurs vives et de cette lumière dont il faut « savoir choisir l’heure » nous disait justement Christian Liger.
Nos si belles références communes
Mes parents, d’origine Cévenole, sont venus s’installer à Nîmes. Je me reconnais donc pleinement dans cette référence à Léo Larguier et à Jean-Pierre Chabrol : « De tous temps ; les Cévennols ont délaissés par vagues leurs vallées tourmentées pour venir se poser à Nîmes, leur port au sud ». Tous les clins d’œil aux artisans de l’histoire de Nîmes sont dans l’épais ouvrage. J’ai aimé retrouver le manuscrit d’Apollinaire écrivant ces poèmes à Lou sur le papier du café Tortoni. En ces temps de débat sur la laïcité, le plaisir de lire l’histoire de Rabaut Saint –Etienne rédacteur influent de la déclaration des droits de l’Homme. Et puis, le dessin humoristique d’Eddie Pons trouve sa place avec son jeu du Nîmoie.
Nîmes dans la modernité
A l’image de la conversation entre la maison carrée et le carré d’art, le livre ne parle pas que du passé mais comment Nîmes entre également dans la modernité par l’architecture. Norman Foster, auteur du Carré d’Art, bien sur. Les noms et les places défilent avec Jean-Michel Wilmotte (l’avenue Jean-Jaurès, la place d’Assas), Jean Nouvel (Nemausus) ou Kisho Kurokawa (Le Colisée), Philippe Starck (abribus de Carnot). Demain se conjuguera au futur avec les époux Portzamparc en train d’édifier le futur musée de la romanité. Alors que Nîmes s’interroge sur son vivre ensemble, les lieux magnifiquement photographiés de l’avenue Jean-Jaurès, l’Esplanade ou Feuchères donnent le sentiment d’une douceur de vivre partagée. Comme une alerte, il faut lire l’auteur débarquant dans un autre Nîmes, dans les quartiers populaires de Valdegour. Beaucoup de chemins ont été contés par Jacques Maigne. Il en reste encore à construire ensemble.
Jérôme Puech
Où trouver le livre ?
Mon conseil : Librairie Teissier, rue Régale à Nîmes. Demandez Vincent. Prix 34 euros TTC.
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