Tout le monde s'y attendait ici, malgré de nombreuses tentatives déjouées on savait que ça allait péter un jour ou l'autre. Mais où, quand, comment... Telle était la surprise. A lire les commentaires et témoignages de mes compatriotes, peu étaient prêts à endurer un tel choc, ce fût un uppercut en plein coeur.
Il faut dire que le belge moyen, bon vivant et habitué aux guindailles et aux matches de foot, a tendance à s'enfermer dans son cocon et mettre ses oeillères dès qu'il s'agit de sujets plus sérieux et qu'il faut regarder la réalité en face.
Certes, comme en France, nous avons bien connu quelques catastrophes en tous genres, mais jamais d'attentats avec autant de victimes. Et voilà donc que le peuple de la frite se retrouve confronté en direct à l'horreur qu'il voyait de loin dans les médias. Après l'émotion viendra la réflexion...
Oui bien sûr, comme les Nîmois en terrasse à l'heure du pastis, nous sommes prompts à dénoncer tout ce qui ne va pas au bar du coin, mais pour bouger c'est autre chose. La dernière grande manifestation nationale eût lieu il y a plus de 20 ans pour l'affaire Dutroux.300.000 participants, sur une population de 10 millions d'habitants. Soit moins de 3%. Non! Les belges, aussi réboussiers soient-ils, ne feront jamais de révolution !
Certains acteurs de haut niveau savent cela, et en tirent profit. C'est le cas de la classe politique, devenue une sorte de potentat héréditaire depuis 30 ans, incapable de gérer les problèmes quotidiens des belges. Routes à trous, tunnels routiers qui pourrissent, écoles qui s'écroulent, musées qui prennent l'eau, réseau ferroviaire à l'abandon,... Le système électoral est tel qu'ils savent que quoiqu'il arrive et quoiqu'il fassent, ils seront systématiquement reconduits au pouvoir de pères en fils.
La radicalisation des jeunes n'y fait, hélas, pas exception: laxisme vis-à-vis de la petite délinquance, communautés qui se «ghettoïsent» dans des quartiers et des cités, lieux de culte non encadrés et non surveillés, responsables de cultes absents ou presque de la scène médiatique, programmes scolaires désuets et inintéressants favorisant les théories mathématiques aux valeurs citoyennes, parents qui travaillent et n'ont plus le temps de s'occuper de leurs enfants,...
Depuis 30 ans, aucune solution politique durable et efficace n'a été prise pour donner à ces jeunes, souvent délinquants notoires, une autre vision de la vie! Les imams salafistes et haineux, eux, s'en sont discrètement chargés en toute impunité. Remplaçant politiques passifs, enseignants impuissants et parents absents...
Nous subissons actuellement un effet tsunami: ces dernières années nous avons assisté, aussi bien à Nîmes qu'en Belgique, à une baisse spectaculaire des faits de petite criminalité, comme une mer qui se retire. Logique: des centaines d'énergumènes, ne se voyant plus d'avenir chez nous, sont entretemps partis semer le trouble en Syrie...
Puis une première vague nous frappe, celle des réfugiés, qui fuient les exactions de ces énergumènes. Aujourd'hui nous avons droit à la seconde vague, la plus dangereuse. Car celle-là draine et nous ramène les débris, armés de kalachnikovs et de ceintures explosives, usurpant et décrédibilisant une religion pour commettre leurs exactions...
Malheureusement nous sommes tous responsables de ce que nous supportons aujourd'hui, pour ne pas avoir agi lorsqu'il en était encore temps. Nous en assumons désormais les conséquences.
Puisse l'avenir trouver des solutions, éradiquer ces cafards qui nuisent à nos valeurs, mettre en place une nouvelle société à dimension humaine et multiculturelle, dans laquelle musulmans fêteraient Noël avec les chrétiens, et où les chrétiens fêteraient l'Aïd avec les musulmans...
Respect mutuel et plaisir de vivre ensemble qui fera que toute forme d'extrémisme sera alors vouée à l'échec. Liberté, égalité, fraternité dans une union qui ferait la force.
En attendant ce voeu pieux, l'heure est au recueillement, et les belges se retrouvent dans leur capitale, comme les Nîmois sur le Parvis des Arènes en pareils et pénibles moments.
Au moins, le nouveau grand piétonnier du centre de Bruxelles, très décrié jusqu'ici, est occupé à trouver sa voie et à refaire brusseler une ville qui en a grand besoin... Oui, vraiment, que Bruxelles brusselle à nouveau, comme du temps du grand Jacques Brel, avec des impériales et des crinolines! Oléééééé!
]]>Pourtant, les courses camarguaises, si elles ne revêtent certes pas d'habits de lumière, sont pleines d'avantages:
* L'homme est l'égal de l'animal, sans armes et sans mise à mort,
* Les meilleurs bious reviennent bien vivants, souvent avec plaisir et pour nous offrir un spectacle toujours meilleur,
* La prise de risque des raseteurs est souvent plus importante et plus physique que celle des toreros, secondés et protégés par les picadors,
* L'accès aux spectacles, qui se répètent durant toute une saison comme au foot, est financièrement bien plus accessible que celui aux corridas lors des férias voire même de celui au stade des Costières pour aller voir jouer les crocos...
Alors, je me répète, pourquoi ce désamour alors que tous les ingrédients y sont ? N'y a-t-il pas, dans le fin fond de la Camargue et de ses manades, un Jean Bousquet ou/et un Simon Casas pour remettre les traditions camarguaises au centre des préoccupations, rassembler leurs acteurs autour d'un projet commun et leur redonner les lettres de noblesse qu'elles méritent? Il est temps de rappeler au monde entier que la Nîmes tauromachique n'est pas seulement celle des mises à mort, mais également celle qui honore la fé di biou. D'autant plus à l'heure où on s'apprête à attirer le chaland dans un prestigieux musée de la Romanité et dans un hôtel des Postes très joliment restauré et réaffecté, ne me dites pas que parmi les amateurs de Courses Camarguaises il n'y a pas quelques bonnes âmes prêtes à s'investir gracieusement dans la com?!
Bon allez une fois, avant d'aller manger ma frite je prends l'initiative d'apporter ma petite pierre à l'édifice, avec ma vision pour une nouvelle identité visuelle: du blanc, du noir, du rouge, 2 F en portes de toril, 2 C en cornes de taureau, le tout souligné par une griffe... et al cop que ven !
Picholin Lebelge.
]]>Non, vraiment, ces fêtes de fin d'année 2015 sont à oublier ! Mais où est donc passé le prestige de notre ville, son bonheur d'y vivre, son rayonnement à travers la France et l'Europe grâce à son histoire, ses monuments, sa gastronomie, ses événements ?
Pourquoi ne pas installer une patinoire d'hiver carrément dans nos Arènes, organiser un véritable marché de Noël à la Maison Carrée comme lors des jeudis d'été, un défilé genre Jeux Romains fêtant l'arrivée du traîneau magique et/ou des rois mages sur nos boulevards, convier les restaurateurs de l'Écusson à l'événement pour créer des menus originaux,... Où a donc disparu cette créativité et cette originalité qui permettrait, à une époque, de faire de Nîmes une ville incontournable pour les touristes, en été comme en hiver ?
Qu'attendons-nous pour relever le niveau, pour faire revivre cet Ecusson qui ressemble de plus en plus à une ville morte perdue dans le fin fond du far-ouest ?!
Bon allez, je suis quand même impatient d'y revenir pour au moins déguster quelques whoopers chez Burger King, LA bonne nouvelle malbouffe de cet hiver Nîmois! Car ça une fois, c'est comme la gardianne et la brandade: je n'en ai pas en Belgique hein...
D'ici là je vous souhaite malgré tout une excellente année 2016 et al cop que ven !
Picholin
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Francine Cabane |
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Pablo Neruda ou Pablo Romero. Ma mise aux verres de la soirée me trouble. Question verres fumées, je pense à Thierry Pastor et son tube légendaire « t’as rien compris » à moins qu’il ne s’agisse du leader politique local des verts contrarié Sylvain Pastor. La folie des années 80 m’étreint façon SNCF (sic). Sur des rails de trambus, je marche seul sur les airs d’un homme en or en direction des deux Pablo.
J’imagine ce chlore à chlore dans la bodega andalouse tel un ballet aquatique dans la piscine du poète chilien nobélisé. Le bonnet M vissé sur ma tête prêt à plonger dans l’inconnue, une femme fontaine. S’agit-il de Brigitte ? Mon bonnet M tout blanc depuis le balcon me chante que mon Daddy est cool.
J’apprends qu’il y a en réalité une compétition : un 50 mètres sévillane libre. Alors je me répète les paroles de ma prof de water proof : je saisis l’ampoule, je dévisse l’ampoule et je jette l’ampoule. Claude, François, conseillers chez EDF ici présents, me déconseillent fortement ce geste, comme d’habitude. Je comprends le danger : l’hydro-allocution. Soit boire de l’eau à Pablo peut provoquer de beaux dégâts.
Tout à coup la chorale de Pablo s’exerce aux chants des sirènes : Audreyyyyy, Audrey, Audreyyyyyy, Audreyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy, …Ma promise s’appellerai donc Audrey. Audrey, l’amie des Cévennes et belle sœur de Jean Dujardin ? Audrey chouchou du Royal Hôtel ? Audrey Romero ou Audrey Neruda ? Mon cœur chavire et balance. Parmi les autres chœurs, une tête sans cornes dépasse. Je reconnais Yannick Agnel. Sa présence fait vibrer tous les bassins de Pablo. Sa vue plongeante éclamousse ! Mousse Diouf en profite et prend son bain rempli de mousses. Une jambe en l’air de style Muriel Hermine il s’épile le côté face. Sa pénétration dans l’eau delà n’en sera que plus aisée.
Entre les deux Pueblos de Nîmes, j’hésite encore. Quel couloir emprunter ? Mimes de rien, le maître nageur m’invite à imiter sa gestuelle : un Paquito Chocolatero. C’est le cercle des nageurs disparus. Tous font le crawl en passant sur une colonne de gens assis par terre avec Louise Joseph. L5. La ligne 5 me dit-on en surface ! « Emprunte la ligne 5 ! ». Je cherche un Milky Way nommé désir. Il en tombe un du ciel de Nîmes toutes les 5 minutes papillon. Une vague m’emporte et me ramène chez moi. Je flotte dans mon maillot ketchup moules bites. Tel un bateau ivre mon lit me souffle à mon oreille bouchée par de l’eau là haut : « tu viens de rêver à une belle de Nîmes coincée dans mon imaginaire entre deux Pablo ». La cochonne !
Jérôme Puech
]]>Du nanan.
Les juges constitutionnels saisis pour une question prioritaire de constitutionnalité se rapportant à l’exception légale sur le mauvais traitement aux animaux en raison d’une tradition locale ininterrompue, et sur l’inégalité devant la loi qu’elle induirait, les ont renvoyés dans leur corral : l’exception culturelle des courses de toros n’est pas anticonstitutionnelle.
Oh, les mauvais perdants ! Dépités, ils jugent les juges partiaux, aux ordres, leur décision de basse extraction politique, le Ministre Manuel Valls d’être intervenu honteusement. Du coup, ils fulminent, trépignent, menacent, préparent la contre attaque, fourbissent une proposition de loi visant à supprimer l’exception (on leur souhaite bien du déplaisir), menacent de porter leur pet devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Mais pourquoi ne pas aller plutôt devant la CAJ ( la Cour Animale de Justice) qui semblerait la seule compétente à dire leurs droits -aux animaux- ?
Ah, elle n’existe pas ? Mais crénom, il faut la créer ? Puisqu’il ne leur manque que la parole (aux bêtes), donnons-leur ! Et que faute de pouvoir régler le sort des toros, ils se prononcent tout de suite sur la validité de la pétanque, eu égard au sort qu’on réserve au cochonnet. Et même du foot européen, puisqu’on y arrête pas de tirer les poules.
Quant à la sodomisation des mouches, dont les animalitaires se sont fait une spécialité, nous les laissons à leur conscience, afin qu’ils cessent à l’avenir de jeter l’opprobre sur de malheureux diptères innocents. Peut-être que l’intelligence humaine y gagnera. Peut-être qu’ils y regarderont à deux fois avant de maculer de peinture rouge la statue de Nimeno sur le parvis des arènes. Et qu’ils méditeront cette phrase prononcée en d’autres temps : « quand on s’attaque à une œuvre d’art, les mauvais coups pour l’Homme ne sont jamais loin ».
Daniel Saint Lary
Il a signé un ouvrage paru aux Editions Atelier Baie consacré au maestro nîmois Lucien Orlewski « Chinito » ; il travaille à un recueil de nouvelles et prépare pour 2013 avec l’équipe de Arte y Toro une exposition consacré à la « Génération toreros » de France des années 70. Il collabore au magazine Planète Corrida.
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Sur le papier l’annonce était superbe !
Dans l’Arène, les faenas de José TOMÁS sont allées au-delà de toutes espérances.
Certains aficiónados ne retourneront plus voir une corrida, convaincus d’avoir vécu LA corrida du siècle !
Et dans l’Ecusson : quelle ambiance ! Quel esprit de fête et de joie perceptible à chaque coin de rue !
Monsieur CASAS, Directeur des Arènes de Nîmes, durant cette Feria des Vendanges vous fûtes un bienfaiteur pour notre chère ville.
J’imagine que la chose ne s’est pas faite en 5 minutes et qu’il a fallu que tu y mettes toute ta passion et ton pouvoir de persuasion pour convaincre El Maestro de relever un tel défi.
Car ce dimanche 16 septembre 2012 ne rentre pas dans le Top 5 mais bien sur le Podium des corridas historiques de la Feria de Nîmes avec celle de CORDOBÈS en 1964 et celle d’OJEDA en 1983.
De plus, merci le Ciel, il fît un temps de rêve : le vent se tût et un soleil radieux inonda de sa chaleur protectrice cette magnifique journée.
Voila, l’été se meurt ; les prémisses de l’automne sont déjà là.
En attendant, la ville entière peut te dire :
MERCI SIMON !
Jérôme FESQUET
Lire aussi un article sur l'exposition de Jérôme Fesquet
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Y’a des choses qu'on sent comme ça: d'abord, sur le chemin qui me mène aux arènes depuis chez moi, je vois des gens plus élégants que d'habitude, et en y regardant de plus près, j'entends qu'on ne parle qu'espagnol. Je m'étonne à peine: les espagnols qui vont à la fiesta ne sont pas des va-nu-pieds. Ils se font beaux, comme les toreros. Parce qu’on doit bien s’habiller quand on vient voir la mort debout.
Je me dis que Nîmes est le centre du monde, je vois des drapeaux colombiens, mexicains, vénézueliens, catalans taurins, malaguenos, russes peut-être: il y a comme de l'électricité dans cet air pur, dans ce ciel aussi limpide qu'il était effroyablement apocalytique lors de cette famosa course des vendanges sous la pluie qui avait tourné au mano à mano entre Joselito et Ponce, après la blessure de Cesar! C’était il y a longtemps mais tout le monde s’en souvient encore.
Dans les arènes, où je suis grâce à un sézame bien placé et payé au prix normal, les gens témoignent et s’interpellent: "nous sommes de Bogota, Maestro José, viens quand tu veux ! Et nous, nous sommes l'aficion catalane ! Viva Mexico et Aguascalientes! ". « Viva la fiesta national ! ».
On se sent un peu petit tout à coup mais fier. J'ai failli clamer que j'étais de la Calle de Barcelona en Nîmes, mais j'étais un peu comme un étranger dans ma propre ville: devant moi, derrière et à côté, les gens donnaient l'impression de se retrouver, de se connaître, venant de Madrid, de Barcelone, de Cartagène ou de Mexico. Seule la corrida, avec l'opéra, produit ce sentiment d’appartenance au tout, déclenchant la fin des frontières et l’amour universel. Alors je me suis rendu compte que le monde n'était pas rond, qu'il était ovale, comme les arènes, que tous ces gens, dont certains avaient payé les places jusqu'à 2000 euros, vivaient sur une planète où n'aborderait jamais les âmes trop simples. Ou trop formatées. Il faut savoir aimer le plaisir, ne pas avoir peur d’aimer.
On le sait bien nous : les toros rendent chèvre, surtout quand le chevrier s'appelle José Tomas.
C'est simple: tout était parfait. Trop, peut-être. La montera qui tombe toujours bien, comme les plis de sa cape en soie ; le toro hurleur de Jandilla qui s’arrête quand José lui fait entendre gentiment le doux murmure de sa faena ; On aurait même souhaité un drame comme dans la tragédie grecque, comme cette héroïne qui dit à Ulysse : « je vais te suivre, et parce qu’il le faut, et parce que je désire la mort ».
11 oreilles (et une queue) sur douze possibles, rien que ça ! On se dit qu'il y a une infime marge de progression vers la perfection, qu'un jour ce vide d’un douzième d’oreilles sera comblé. Alors, on se met à regretter qu'un toro n'ait que deux oreilles, qu'un autre n'en ait seulement qu'une, que sous sa robe noire transparente le string de la voisine ne s’emballe pas davantage, qu'on n'ait pas plus de volutes de Cohiba dans le nez, que l'arène n'ait que 15000 places et une corrida six toros, que Chicuelo II ne joue pas plus souvent pour un quite de Morenito de Nîmes ou pour une série de capotazos de José donnée d'une seule main.
De ne pas être dans les confidences de José et d’Ingrat, le toro de Parladé. Que lui-a-t-il dit après son saut dans l'inconnu, quand il a franchi le callejon après avoir failli embrocher 4 ou 5 peoples? On s’en doute, va ! « Allez, suis moi, n'écoute pas la foule, fais ce que je te dis, mets ta tête, répètes, oublies ta douleur à la patte, pars, reviens, enroules toi autour de moi, n'arrêtes jamais. Voilà c'est fait, faut m'écouter: tu as la vie sauve, tu es pardonné et c'est à moi que tu le dois ! A la revoyure, Ingrat ! ».
La corrida de ce matin n'était pas la corrida du siècle: elle était toute la corrida. Un monument. Un peu comme celui qu'aura un jour Tomas à l'entrée des arènes de Nîmes, à côté de Nimeno. Pourquoi ? Par ce qu'il n'est pas de ce monde, qu'il a traversé le temps, tous les temps, sa tauromachie, c'est celle de Pedro Romero, de Pepe Hillo, de Belmonte, d'Ortega, du Chauve, de Dominguin, d’Ojeda. Il a montré une telle aisance dans l’improvisation, un tel don de soi, un tel sens de la créativité que toute comparaison ne serait pas raison. Et d’ailleurs, comme l’auteur de ce billet d’humeurs, ce sont les aficionados présents qui ont perdu la leur.
II a dépoussiéré des suertes oubliées, montré toute l'étendue de son répertoire à la cape comme à la muleta ; comme ses séries de trincheras couillues succédant à des passes par le bas de la douceur du duvet, ses naturelles commencées à la gare et finies à la Tour Magne, ses véroniques à faire revenir le Christ, et ses épées de médaillés d'or.
Alors, après il y aura toujours des docteurs de la foi, moins d’une dizaine, pour dire qu'ils se sont ennuyés à ce qui n’était pour eux qu’une « sardinade ». Ceux là, n'auront pas vu le vol des tourterelles saluer d'un coup d'ailes les envolées de Tomas, le solo du trompette de Chicuelo tutoyer les hirondelles, ni la grâce de José quand il a accompagné Ingrado vers sa nouvelle vie.
A la sortie, ils n'auront pas senti l'air flotter autour d’eux, leurs jambes couper, le je-ne-sais-quoi qui rend la vie plus heureuse, parce qu’on se sent pousser des ailes, qu’on marche à 20 centimètres du sol, et parce que l’air sent bon la merguez et l’aisselle des filles qui ont beaucoup transpiré. Leur pastis a dû être bêtement anisé, comme d’habitude.
Je ne sais pas si après ça, je ne vais pas faire ma despédida d’aficionado. C’était peut être bien celle-là… celle qu’on attend toute une vie… A bon ! On me dit que Tomas serait à Bogota ? Pourquoi pas !
Daniel Saint-Lary
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Car c’est bien de cela qu’il s’agit. L’obsession du « tout blanc » ou « tout noir ». La course à « Il faut un responsable, un coupable, coûte que coûte ! ». La culture de masse ; buvons, dansons, mangeons dormons, tous de pareille manière, soyons identiques. C’est presque plus la motivation que la bataille elle-même qui me pose problème. Que feront les « antis » lorsqu’ils auront gagné ? 20 000 cornes épargnées la première année… Et puis ? Lorsqu’ils auront « sauvé » une espèce dont plus personne ne s’occupera ? La reconversion est LA tendance dans le monde du travail ; « Vous vous occupiez de taureaux dans le sud de l’Espagne ? Attendez, nous avons un poste pour élever des poulets dans la banlieue de Copenhague ». Partiront-ils en guerre pour sauver les 500 millions de bœufs tués chaque année sur Terre pour l’alimentation mondiale ? Cotiseront-ils pour les rénovations « décennales » inclues aux budgets des villes aux arènes abandonnées ?
Je ne suis ni « pro », ni « anti » corrida. Je n’évoque pas l’art, le drame, la beauté, le rituel ou même encore les traditions. Je ne me réfugie pas derrière une pratique « ininterrompue » pour cautionner l’indiscutable engouement qui existe encore autour de la rencontre entre un homme, et un taureau, dans une arène. Ce n’est d’ailleurs pas parce que les siècles passés nous ont laissé cet héritage qu’il doit rester ad vitam aeternam comme lié à l’Homme. « Pro » et « Anti » ne se mettront jamais d’accord, et j’ai cette sensation désagréable que cette affaire doit être « tranchée ». Envie d’un pays où les gens cessent de toujours vouloir persuader que leur cause est meilleure, jusque dans les livres de loi. Envie de vieillir dans un pays où personne n’interdira à nos enfants d’aller voir une corrida ; mais où personne ne leur imposera. Envie d’un pays, où l’on cesse le lobbying –que dis-je ! Les pressions- contre des entreprises qui ont un jour songé à utiliser la tauromachie comme lien commercial avec leur public (Easy-Jet, Afflelou, Lee Cooper…).
Une amie m’a dit un jour à la sortie de sa première arène : « Mince, j’ai aimé ». Cette ouverture d’esprit, cette acceptation de se surprendre soi-même devant une rencontre inhabituelle, cette curiosité sont autant d’arguments me laissant penser que le Conseil Constitutionnel ferait une grave erreur en supprimant la corrida.
La France ne serait pas « sage » de prendre une telle décision.
B. Locatelli
]]>La première fois où je découvris Enrique Ponce, en cette matinée du 30 mai 2004, fût un moment de grâce, au deux sens du terme. En effet, à la suite d’une impressionnante série de passes et la multiplication d’enchaînements impeccables, il obtint que son adversaire, le taureau de combat Anheloso, fût épargné.
Comme après un choc ou un charme, je cherchais longtemps à comprendre l’origine de cette maîtrise accomplie.
Puis, un jour de mai 2007, alors que j’étais au bord de la piste, l’évidence s’imposa. Entendant distinctement, le dialogue entre la voix du matador et les mugissements du taureau, j’eus le sentiment que l’art de Ponce était d’abord celui du souffle créant un rythme partagé avec la bête, rythme qui, dès lors, instaure un ordre à partir du chaos initial, qu’est la force brute de l’animal.
Aussi, Ponce ne livre pas combat, mais pratique plutôt l’art de la composition. Il affronte l’adversaire non pour le défaire ou le désorganiser. Bien au contraire, il le rencontre pour additionner ses forces à celles qu’il lui oppose, afin d’engendrer un champ de forces supérieur.
L’élégance et le purisme de Ponce ne sont donc nullement un évitement ou une esquive. Ils sont le gage d’une rencontre véritable avec la violence du taureau pour en retirer une forme supérieure, plus équilibrée et harmonieuse ; c’est une rencontre sauvage qui mène à la beauté.
De cette rencontre naît l’émotion du spectateur qui, à chaque instant, sait que l’art peut basculer en drame, que le taureau peut échapper au jeu de composition pour attaquer sa proie. Cette tension permanente fait de la corrida un spectacle symbolique qui renvoie l’Homme à son destin, celui d’être un mortel qui, dans l’adversité, doit construire sa vie.
Alors que la sphère médiatique tend à nous isoler dans un environnement où tout nous est familier, nous berce et nous réconforte comme une mère, la corrida est l’une de ces rares expériences qui unit ce que l’on a l’habitude de séparer : l’homme/la nature, l’esprit/la bête, la vie/la mort… La réconciliation de ces opposés, même provisoire, suscite chez le spectateur le sentiment d’une forme d’accomplissement.
Et il arrive que cette plénitude approche de l’extase comme quand, en ce 30 mai 2004, la rencontre devient échange, inversion des rôles. Dès lors, un bestiaire fantastique se déploie, l’homme devient taureau, la bête devient humaine, un minotaure apparaît sur la piste, jouant avec lui-même, jouant avec nous-même, le jeu de la vie.
Olivier Lange
Ponce ne livre pas combat, mais pratique plutôt l’art de la composition. ]]> L’aube venue, la nuit consommée, il ne reste plus rien des tapas. Ils n’auront duré que ce que dure une nuit sans lendemain, contrairement au repas complet, au dîner prétentieux, qui impliquent commentaires, classements et comparaisons. Les tapas, quant à eux, sont un événement qui ne se survit pas, un coup d’éclat dont la magie transforme chaque table en un monde miniature qui nous institue rois et reines, souverains éphémères des soirs nîmois de printemps. Les tapas nous libèrent, y compris d’eux-mêmes, puisque leur multiplicité de petites portions, nous permet de faire circuler la parole, longuement et librement. Alors que le repas officiel est comme la présence quasi religieuse d’une vérité absolue qui tient les convives en respect, les tapas célèbrent un ciel vide et joyeux, où fuse le feu d’artifice des saveurs et des mots. Mais si les tapas invitent à la conversation, ils appellent aussi l’alcool pour démultiplier encore leurs plaisirs. Omettant la bière, les puristes se feront servir un vin de bataille et de corrida, un rioja seigneurial pour être assurés de l’emporter. Des Nîmois oseront franchement, et avec raison, un Costière rubis, gorgé de soleil et de fruits rouges, pour tout se dire d’une joie musicale. D’autres, sans attaches, Nîmois rêveurs ou seulement de passage, se laisseront gagner par la fraîcheur et la tendresse nostalgique d’un vin de Loire, Chinon ou Cheverny. Les tapas, festin du paysan des villes splendides, mais également promesse de tous les exilés, de ceux dont la seule œuvre est la vie… Dans certains tableaux, il est des traits recouverts par l’œuvre finale, qu’on appelle repentirs. Il n’est pas dit que les tapas, eux non plus, ne gardent pas, caché en leur sein, derrière leurs brillances somptueuses, le souvenir d’une étoile éteinte dont la lumière nous parvient encore ; celle des mezzés arabo-andalous, du rosé du Liban et des poèmes d’Omar Khayyâm… Dès lors, en les portant à nos bouches, les tapas sont comme le baiser retrouvé d’un amour disparu, la résurrection de la chair ; le temps d’un soir, moment d’éternité où les vivants de tous les temps se retrouvent enfin. |
Les tapas, festin du paysan des villes splendides, mais également promesse de tous les exilés, de ceux dont la seule œuvre est la vie… |
J’aurais voulu être voltigeuse, tricoteuse, plongeuse ou encore musher (conductrice de chiens de traineau). Hic, c’est loupé. Je roule dans une vieille Fiat 500 jaune. Je peins en cachette. Je dis trois mots de tchèque. Débriefing... Je suis née l’année de l’été indien en petite Sibérie dans le Doubs. Après un bac Lettres et Langues, un BTS Communication et Actions Publicitaires et une spécialisation en infographie à Lyon, je m’envole pour Prague où je travaille pour EuroRSCG comme directrice artistique junior. Deux ans plus tard, je débarque en Corse, dans les établissements du Groupe Dixit Médiacorse. J’y resterai cinq ans. Grâce à un Working Holliday Visa, je pars ensuite pour Port-Douglas en Australie près de la grande barrière de corail. C’est donc au bout d’un périple d’un certain nombre d’années que j’arrive presque par hasard à Nîmes. Déjà... Je me perds dans l’Ecusson puis je tombe sous le charme de cette petite ville facile à vivre à échelle humaine. L’Ecusson, c’est comme une cour de récréation, ça grouille, ça vit. Et tu parles d’un scoop, me direz-vous, mais ici le ciel est bleu, parfait. Tonique. Et quand on a la tête en l’air, ça compte. J’aime voir un flamant rose en Camargue, écouter les cigales les soirs d’été, respirer la Garrigue. Il fait bon vivre ici, saisons après saisons... Et c’est chez Lucien l’Ancien, pas très loin d’ici, que j’ai mangé le meilleur abricot de tous les temps. Ca m’a donné envie de jurer, tellement il était bon. L’air de rien, le temps passe, je reste fidèle aux pavés nîmois et tel un fameux crocodile cadenassé à son palmier, j'y suis attachée autant que lui. Je suis unanime, voire "unanimoise". |
J’aurais voulu être voltigeuse, tricoteuse, plongeuse ou encore musher (conductrice de chiens de traineau). Hic, c’est loupé. |