"J'admire le courage des toreros !"
Claude Lelouch nous reçoit dans le bureau de Yves Rigon de la Maison de Sophie, l’hôtel intime de l’avenue Carnot. « J’ai l’impression d’être reçu dans le bureau du proviseur d’un lycée » lui dis-je pour accrocher la bonne humeur au porte manteau de la pièce. Cyril Rigon, jeune, nous observe en riant.
Une à Nîmes : Pourquoi ne pas avoir choisi de montrer « La belle histoire », un film tourné à Nîmes ?
Claude Lelouch : Tout le monde l’a vu ici. C'est ce qu'ont du se dire les organisateurs. J'aime beaucoup ce film. On a voulu faire découvrir d’autres de mes films.
UAN : Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage en 1991 ?
C.L. : Un souvenir émouvant car c’est une région où les gens essaient de vous garder. Tous les échanges sont prétextes à me demander de rester, rester et encore rester. Il y a une telle générosité et gentillesse ici. J’adore la Camargue, Arles, Nîmes…Vous êtes des gens très privilégiés et très malins.
UAN : Dans "La belle histoire" vous tourniez avec Marie Sara des scènes de tauromachie. Vous aimez ?
C.L. : Oui parce que la corrida c’est le courage. Il y a de moins en moins de gens courageux. C’est cruel certes mais j’ai beaucoup de respect pour les gens courageux. J’admire aussi le courage des sportifs de haut niveau qui n’hésitent pas à se jouer la vie, un quitte ou double. J'ai filmé des coureurs cyclistes, des coureurs automobiles avec ce regard admiratif. Nous vivons dans une société de gens peureux à qui l’on interdit tout ! Du coup, une génération se prive de certains plaisirs. Pour ma part je considère que le bonheur est provoqué par une prise de risque.
UAN : Dans « D’un film à l’autre » cela démarre par une scène où vous roulez à toute vitesse dans Paris d’ailleurs…
C.L. : Oui j’ai grillé près de 14 feux rouges à 6h du matin en 1973. J’ai montré ce qu’il ne faut pas faire. J’ai utilisé le mensonge. La vérité est tellement ennuyeuse. Même les rêves sont des mensonges.
UAN: Vous avez soutenu Nicolas Sarkozy aux dernières élections. Quel rôle pourriez-vous proposer à l'ex-Président ?
CL.: Un rôle de chef sans aucun doute. Soit un chef d'une bande de voyous ou chef d'une grande entreprise.
UAN : On arrive au terme du festival, que retiendrez-vous de votre séjour ?
C.L. : Que des choses positives. Le must, c'est d’assister à des films en plein air dans une région comme la vôtre. Le cinéma est alors un moment convivial et de partage. L’accueil a été très chaleureux. A l’air libre, il faut croire que les cerveaux sont mieux oxygénés. Puis après une séance, le plaisir de prolonger avec un bon repas. Je me suis surpris à revoir mes films en simple spectateur. Une expérience nouvelle et appréciable.
Propos recueillis par Jérôme Puech
En collaboration avec Gregory Santerre.
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